BAROMETRE DES AFFAIRES JUILLET 2016: OPTIMISME MODERE
René Broekaert
La température moyenne pendant le mois de juillet 2016 s'élevait à 18,3°.En comparaison de la moyenne pluriannuelle de 18,4°, Monsieur Météo peut parler d'un 'mois normal'. En moyenne, mais dans la pratique, nous avons connu durant la seconde moitié du mois une véritable vague de chaleur, qui a été bel et bien compensée par un temps plus frais les autres jours du mois. En conséquence, un mois avec des hauts et des bas, et certainement pas un mois estival calme avec des températures moyennes.
Ceci se traduit naturellement aussi dans la vente de chaussures, qui a été assez irrégulière, mais pour laquelle le secteur se déclare pourtant relativement satisfait. +1,8% de chiffre d'affaires et +1,1% du nombre de paires, ce n'est pas si brillant. Cette petite hausse moyenne du chiffre d'affaires par rapport à juillet de l'an dernier réduit légèrement la perte générale du premier semestre, mais toutefois, cela reste tout sauf plaisant: au 31 juillet 2016, on a réalisé 7,2% de chiffre d'affaires en moins et vendu 6,2% de paires en moins qu'au cours des sept premiers mois de l'année dernière. Il faut encore trimer et prier pour pouvoir encore augmenter ces pourcentages d'ici le 31 décembre. A la côte et dans les villes touristiques, les résultats étaient un peu meilleurs que dans le reste du pays.
D'après les enquêtes de Mode Unie, la fédération du commerce de détail de la mode indépendant, la période des soldes d'été s'est achevée cette année sur un résultat positif. Chez ses membres, on a noté une vente accrue de 3 à 5%, alors que le dernier week-end de soldes a attiré encore un grand nombre de dépensiers. “Une aubaine après le lent démarrage des soldes en raison du temps pluvieux et froid de début juillet", affirme la directrice de Mode Unie, Isolde Delanghe. Mais nous devons nuancer quelque peu: il s'agit ici de tout le secteur de la mode, y compris la maroquinerie, le prêt-à-porter et le secteur de la lingerie.
POURCENTAGES DE REMISE VARIABLES PENDANT LES SOLDES
En moyenne, 54% des ventes ont été réalisés aux prix de vente normaux fin juin. De nombreux collègues ne sont même pas parvenus à écouler la moitié de leurs achats avec la marge bénéficiaire normale, et ceci peut être effectivement qualifié de tout sauf favorable. Les réductions ont été progressives au cours du mois pratiquement chez chacun. La grande majorité des commerçants ont débuté le mois de soldes par un pourcentage de remise autour des 20%. Au cours de la seconde/troisième semaine du mois, on a souvent enfoncé la pédale d'accélération et accordé des réductions allant jusqu'aux extrêmes -70% sur certains articles. Mais il reste difficile de généraliser. De nombreux détaillants en chaussures adaptent leurs pourcentages de remise en fonction des conditions climatiques, ou également selon que les chaussures étaient plus anciennes ou se sont moins bien vendues pendant la saison. C'est ainsi que l'on a accordé peu ou pas de remise sur les classiques ou les chaussures de confort, parce qu'il s'agit souvent de modèles qui ne sont pas saisonniers. Dans ces cas-là, on accorde parfois une réduction de 10%, mais l'achat n'est pas enregistré sur la carte de fidélité, si bien que nous pouvons presque parler d'opération nulle.
LA PERIODE DES SOLDES EST GALVAUDEE
L'âge d'or du 'rush pour les soldes' est définitivement révolu. Il y a quelques années, le journal télévisé du 1er juillet ou du 1er janvier s'ouvrait traditionnellement sur des images de hordes de consommateurs qui faisaient déjà la file durant toute la nuit et trépignaient d'impatience devant les portes d grands magasins pour profiter les premiers des super ventes du premier jour des soldes. Cette image a disparu: les offres conjointes en juin ont annihilé l'impact des premiers remises: le consommateur qui veut gagner un petit pour cent, a déjà pu faire son choix en juin, ou attend fin juillet.
La plupart des consommateurs sont en effet conscients du fait que les pourcentages de remise augmentent au cours du mois et qu'on a le temps jusqu'à la dernière semaine pour 'faire un joli coup'. Les seuls acheteurs qui croient encore résolument dans la période des soldes, sont les hommes, peut-être parce que ce groupe fait nettement moins souvent du shopping que les dames et ne comprend pas totalement les techniques de vente. “N'est-ce pas scandaleux que nous vendons plus de la moitié de toute notre offre de chaussures homme pendant les soldes?", écrit un commerçant. “Nous devons réfléchir d'urgence quant à notre future survie dans ce négoce kamikaze", ajoute-t-il.
SANDALES, COULEURS ET MODELES ESTIVAUX
Dans un précédent baromètre des affaires, la problématique avait déjà été abordée: les deux périodes de soldes ne sont plus en phase avec les conditions saisonnières et climatiques. Cette année, ce fut plus que jamais le cas. Tout au long du printemps et au début de l'été, nous avons à peine connu du beau temps et certainement pas de longues périodes de chaleur. Puis viennent les soldes et au cours de la seconde quinzaine de juillet, nous profitons d'une vague de chaleur! Résultat: la vente massive de sandales et de modèles ouverts … à prix réduits! Certes, l'intérêt fut très soutenu pour tous les modèles estivaux en juillet, pendant les journées très chaudes. Chez les dames et les enfants, les sandales ont représenté environ la moitié des ventes.
Les hommes ont aussi acheté relativement beaucoup de sandales, environ une paire sur trois. La palette des couleurs était aussi particulièrement estivale: pour les dames et les enfants, pas mal de bling-bling, metallics, or et argent, et aussi le blanc, le beige et le naturel. Le beige, le brun et le cognac n'étaient mentionnés que de façon sporadique. Les hommes sont restés un peu plus classiques: le noir, le brun et le cognac représentent encore chez eux quelque 60% du chiffre d'affaires. Chez les enfants, il est plus difficile de généraliser: les couleurs ludiques continuent de dominer ici. Chez les dames, 75% des chaussures vendues sont plates ou ont des talons très bas jusqu'à 3 centimètres. Un phénomène qui se prolonge de plus en plus: la marche confortable est ici aussi certainement un facteur décisif.
FACTURES OUVERTES: LA WALLONIE FAIT MIEUX QUE LA FLANDRE
Au cours du second semestre de 2016, 66,5% des factures ont été honorées dans le délai de paiement normal en Wallonie. Pour la première fois, ce résultat dans le sud du pays est meilleur qu'en Flandre (65,6%), tandis que Bruxelles reste cantonné à 64,7%. Ces statistiques de Graydon ont été publiées par l'UCM (Union des Classes Moyennes). Ceci signifie qu'une facture sur trois est acquittée en retard. Plus d'une facture sur dix n'est même pas encore payée trois mois après la date d'échéance. Il ressort d'une enquête de l'UCM auprès de 844 entrepreneurs que la plupart des dirigeants (77,2%) considèrent que ceci est un problème sérieux, notamment parce qu'ils ne disposent pas des ressources suffisantes pour investir dans leur propre entreprise.
AUTOMNE-HIVER 16-17
La grande majorité des négociants en chaussures ont commencé tôt à proposer les nouvelles collections automne-hiver. Pour la plupart, le principe est le suivant: 'Dès que c'est rentré, mettre dans l'étalage. Vendu c'est vendu!', et ils doivent quand même payer la facture. De plus, il existe toujours des consommateurs qui veulent faire preuve de rapidité pour être certain d'acheter leur choix dans la couleur et la pointure souhaitées. Restons positifs: la vente dans le passé n'a pas d'impact négatif sur l'avenir. Mode Unie écrit dans cette optique: “Pour la prochaine saison d'hiver, la majorité des détaillants de mode indépendants sont positifs. 63% s'attendent à générer un chiffre d'affaires identique à celui de l'hiver de 2015, 19% indiquent qu'ils pensent vendre plus." Et pour conclure: dans un article dans RetailWatching, Nick Möller écrit qu'il existe de grandes opportunités pour le retail physique, sous le titre 'Ne croyez pas dans les belles paroles des webshops'. Nous nous y intéresserons dans le prochain baromètre des affaires.
