BAROMETRE DES AFFAIRES MAI 2016:
DES RESULTATS VARIE, PEU D'OPTIMISME
René Broekaert
A l'exception de février, nous avons enregistré chaque mois de cette année des chiffres négatifs par rapport à ceux de l'an dernier. Quand on sait, en outre, que février est en moyenne le mois le plus faible de l'année, représentant à peine 4,7% du chiffre d'affaires annuel, la conclusion est vite tirée: le printemps 2016 est à oublier au plus vite! A moins d'un miracle en juin, on redoute fort que la vente printemps-été ne provoque de très nombreux dégâts dans le commerce de détail de la chaussure. Beaucoup de collègues marchands de chaussures sont sur les rotules, car il faut continuer à payer les factures des marchandises, le loyer, les frais généraux et les salaires, alors que les rentrées sont à la traîne.
Pour le mois de mai, les chiffres sont particulièrement et incompréhensiblement variés. Plusieurs commerçants se plaignent et perdent plus de 15% par rapport à mai 2015, alors que certains autres affichent une croissance à deux chiffres.
Quoi qu'il en soit, les chiffres cumulés pour les cinq premiers mois restent très négatifs et tournent autour de -8%, tant au niveau du chiffre d'affaires que du nombre de paires.
UN BON DEPART
Le début du mois de mai était prometteur: les dix premiers jours étaient ensoleillés et chauds, ce qui a immédiatement eu un impact sur la vente. Enfin, il y a eu une demande de sandales et de modèles plus ouverts, mais hélas, comme le dit le proverbe, les belles chansons ne durent pas longtemps. Conséquence: à la fin du mois, il ne restait plus grand-chose de ce départ optimiste, qui est “retombé comme un soufflé."
ENFIN DES MODELES D'ETE
Pour la première fois depuis le début de cette année, on a vraiment vendu des articles d'été, même si c'était dans une mesure très limitée. Par exemple, chez les femmes, les sandales et les ballerines ont représenté 31% du chiffre d'affaires, mais c'était au début du mois. Chez les hommes, les modèles ouverts n'ont pas eu de succès. Avant que cette catégorie d'acheteurs ne montre ses orteils, il faut que le mercure monte bien plus haut que ça. Les enfants ont acheté de chouettes sandales. D'ailleurs, en mai, le chiffre d'affaires des chaussures pour enfants était plus que correct. Dans la palette de couleurs, le métallisé a toujours beaucoup de succès auprès des femmes et des enfants. Le beige, le blanc et le bleu sont les teintes de printemps typiques. Pour le reste, on a affaire à un méli-mélo de combinaisons de couleurs, comme chez les enfants d'ailleurs. Les hommes restent traditionnels, avec du cognac et du bleu, tandis que le noir descend en troisième position pour la première fois cette année. Encore un signe que le sentiment de chaleur était présent.
UNE CONJONCTION DE MAUVAISES CONDITIONS
Il y a de nombreux éléments qui expliquent les affaires moins bonnes, voire mauvaises. En fait, il s'agit même d'une conjonction de facteurs négatifs. Un correspondant a même écrit en blaguant: “C'est très audacieux de votre part d'oser demander les résultats chaque mois." Votre serviteur se sent un peu comme Monsieur Météo: on le tient souvent pour responsable des mauvais bulletins météo.
Mais ce n'est pas différent. La météo du mois de mai n'a pas été très favorable. Les statistiques officielles de l'IRM parlent d'un 'mois de mai 2016 normal', mais les moyennes sont ce qu'elles sont. Quinze jours de bon temps et quinze jours de mauvais temps, cela donne une moyenne normale, mais cela ne se traduit pas dans le chiffre d'affaires en magasin. En effet, on n'a pas vendu deux fois plus pendant les quinze premiers jours.
Les conséquences des attentats du 22 mars ne sont toujours pas oubliées: les nouvelles quotidiennes à ce sujet et la présence de la police et des militaires dans la rue ne contribuent pas non plus à une évolution positive.
Au niveau politique, c'est la catastrophe: les grèves, manifestations et protestations pullulent et on a de moins en moins de compréhension pour les grévistes et les marches de protestation. A un moment où notre pays a besoin de solidarité et où toutes les forces sont nécessaires pour retrousser ses manches et oublier au plus vite les conséquences des attentats, il y a une minorité qui souhaite déstabiliser le pays à tout prix et ne recule pas devant le sabotage.
Les filiales, pour qui la situation n'est pas favorable non plus, réagissent souvent avec des 'actions', offres conjointes et autres réductions auxquelles le commerçant traditionnel ne peut pas répondre. Elles perturbent le marché et mettent à mal la crédibilité de l'ensemble du secteur. “Pourquoi achèterions-nous à un prix normal, alors qu'il y a toujours des fournisseurs qui accordent des réductions?"
Enfin, il y a aussi la croissance de la vente par Internet, qui s'effectue souvent depuis l'étranger et dont les avantages économiques restent généralement dans le pays en question. Nous y reviendrons plus en détail.
PESSIMISME
Il est clair que l'humeur de la plupart des commerçants est au plus bas. Les commentaires révèlent aussi que la situation à Bruxelles ne s'est pas encore améliorée deux mois après les attaques. “J'ai peur que ça ne s'améliore plus", avons-nous pu lire.
L'influence des nombreux jours de congé en mai fut négligeable. Le premier mai, l'Ascension le 5 mai avec un pont le 6 mai pour beaucoup et le Lundi de Pentecôte sont généralement des stimulants positifs pour le shopping, mais cette année, cet effet est passé quasiment inaperçu. Certains collègues espèrent encore un boost supplémentaire avec la fête des Pères. Espérons-le.
DES NOUVELLES DE ZALANDO
L'ascension de la vente en ligne se poursuit et les gros acteurs investissent constamment dans de nouvelles approches du marché:
A l'avenir, le détaillant de mode en ligne allemand Zalando souhaite livrer des vêtements de chaque magasin physique. Actuellement, un projet pilote a déjà été lancé à Berlin. Il permet aux magasins physiques de rejoindre Zalando.
Hub central pour la mode
“L'idée est simple. Si vous cherchez un article de mode, nous vous disons dans quel magasin vous pouvez l'acheter", déclare le CEO, Robert Gentz. “Vous pouvez choisir de vous y rendre vous-même ou nous demander de livrer cet article chez vous. Actuellement, nous testons le système avec la collection de Bodycheck à Berlin."
Ce système est la prochaine étape de Zalando: devenir un hub central pour tout ce qui concerne la mode. Actuellement, il est déjà possible pour les marques de vêtements de vendre leurs collections via Zalando, mais le détaillant en ligne veut donc aller encore plus loin et proposer les produits des magasins physiques. Pour atteindre cet objectif, Zalando va investir énormément dans des systèmes permettant aux marques et aux magasins de vendre leurs produits via Zalando. Cette année, il a investi pas moins de 200 millions d'euros, soit 5% de son chiffre d'affaires annuel. L'an dernier, il s'agissait seulement de 60 millions d'euros. (Source: Retail Detail)
A suivre ...
